Le modèle d'écorché du Dr Louis Auzoux, s'inscrit dans une longue tradition des représentations anatomiques de l'homme privé de son épiderme. Auzoux s’appuie sur les travaux de Jean-François Ameline qui fabriquait des mannequins anatomiques en se servant de véritables squelettes dont les muscles étaient figurés par des sacs en cuir bourrés, articulés entre eux. Il parait ce corps de fils tressés représentant les veines, les artères et les nerfs ¹. L'écorché de Louis Auzoux est réalisé suivant la technique du papier-mâché, rehaussée de peinture. Chaque partie encastrable est amovible afin de découvrir les éléments présents derrière les tissus.

Celon l’académie de médecine qui lui avait commandé la réalisation d'un premier écorché en 1825, les intérêts de ce modèle sont : « De permettre de voir sur un même sujet toutes les parties anatomiques, de permettre le déplacement de chaque pièce pour en étudier toutes les faces et tous les rapports, D’être assez solide pour résister à toutes les variations de l’atmosphère, d’être inattaquable par les insectes, et de pouvoir être mis entre les mains des élèves sans que les moindres parties qui composent cet assemblage si compliqué risquent d’être cassées ou déformées et enfin, d’être beaucoup moins coûteux que tout ce que l’on a tenté jusqu’à nos jours pour arriver au même résultat, quoiqu’on en fût resté bien éloigné » ² .

S'il est vrai qu'aujourd'hui  les modèles d'Auzoux ne font plus partie des outils pédagogiques en usage, les différents écorchés (réalisés dans des matériaux contemporains) ont un même degré d’exactitude et souci du détail.

Parmi la pléthore de nouveaux écorchés, nous citerons l’application en ligne Zygote body ³ qui propose de consulter en ligne la reconstruction 3D d’un corps humain que l’on peut effeuiller couche après couche afin d’acquérir une vision des différentes organes le compose. La version payante de cette application permet d’annoter les différents calques, détaillant les différentes parties du corps, leurs rapports et leurs relations. L’intérêt de ce dispositif, comparé à celui d'Auzoux, et qu’il peut être accessible n’importe où (à condition de disposer d’une connexion Internet) et par n’importe qui. De plus, l’utilisation de l’outil 3D numérique permet à l’utilisateur d'explorer au plus profond le corps humain en quelques secondes. Cependant, ce que l’on gagne en mobilité et en accessibilité, on le perd en expérience tactile  et en rendu spatial. En effet, même si la matière du carton pâte n’est pas la plus fidèle pour représenter la peau ou les muscles, elle peut être touchée réellement et permet de percevoir concrêtement les formes, les proportions, les rapports.

Le jeu Anatom ⁴ est un jeu « sérieux » qui propose une autre forme d’apprentissage du corps humain de façon ludique, par la résolution de puzzles et en participant à des minis jeux. Selon ses créateurs, AnaTom propose des degrés de difficulté pour des étudiants allant du collège jusqu’à l’université. L’un des intérêts de ce dispositif est qu’il permet à l’utilisateur d’accéder à des statistiques d’évaluation des connaissances afin de connaitre ses points forts et ses points faibles et ainsi de se concentrer sur les éléments du cours non acquis.

Si dans le dernier dispositif que nous avons évoqué, les modalités d’évaluation des connaissances sont clairement enregistrées et accessibles, qu’en est-il des deux autres ?
Zygote Body ne propose pas de système d’évaluation : l’apprenant ou l’enseignant doit recourir à un outil extérieur pour évaluer les connaissances (QCM, questions ouvertes, etc.). C’est la faiblesse de cet outil ; il est impossible de quantifier son apprentissage. Chez Auzoux, on ne retrouve pas d’outil annexe d’évaluation, car l’objet se suffit à lui seul pour s’auto-évaluer. En effet, chaque partie du corps s’imbrique aux autres à la perfection et donc si un élément n’entre pas ou reste dans la main du manipulateur, c’est qu’il y a une erreur quelque part. De plus, les modèles du docteur Auzoux (et pas seulement les écorchés) disposent d’un tableau synoptique, permettant de mettre en relation les pièces du modèle avec leur nom et leur emplacement.