Les os du dromadaire
Texte et Dessin de Laura Tisserand
Licence 3, Didactique visuelle – Haute école des arts du Rhin
Tripes encadrées, fœtus en bocaux, crânes en séries : dans ce folklore d’entrailles éparpillées sur des étagères et sous le regard de ces vieux hommes écorchés, je finis par me réfugier dans le havre de paix du musée Fragonard. La pièce centrale, où petits et géants sont figés dans un silence, visuellement si doux. Tout le monde observe ces sculptures de squelettes, oubliant qu’elles étaient jadis animées. Lièvre, chauve-souris, dromadaire, mais aussi lion, chèvre, chien, cheval. Alors que je scrute les détails de ces moulages naturels, mon attention s’appuie sur la ressemblance qu’ils ont tous : le même nombre de vertèbres à leurs colonnes, le même nombre d’orifices à leurs crânes, le même nombre de côtes à leurs thorax… Et je finis par m’inclure dans ce cercle. En effet, je m’aperçois que ma main est à la chauve-souris son aile, que mon poignet est à la chèvre ce que je croyais être son avant-bras.
Soudain, je me sens proche d’eux. À notre environnement, un squelette universel mutant, je tente d’imaginer un ancêtre commun comme carrefour de tous les mammifères. Enthousiaste et pensive, je trace alors les ossements d’un dromadaire en pensant dessiner les miens.