Les écorchés de Louis Auzoux / Les « démos de Jamy »
Un article d'Hyppolyte Laveix
Master II, Sciences et cultures du visuel – université Lille 3
« C'est pas sorcier » 1 est un magazine télévisuel de vulgarisation scientifique, destiné aux enfants et qui a été diffusé sur France 3 de 1993 à 2014. Très populaire, l'émission était souvent proposée dans les écoles et a obtenu de nombreux prix pour ses qualités pédagogiques. Les maquettes didactiques mises en scène dans l'émission étaient très appréciées des enfants — on dénote plusieurs fanpages sur Facebook — et font même l'objet d'une playlist YouTube dédiée sur le compte officiel de l'émission : « les démos de Jamy ».
David Mahé, l'accessoiriste de l'émission, a construit près de 3000 maquettes pour plus de 550 épisodes. Modulables ou statiques, entièrement produits à la main avec des matériaux classiques tels que le bois, le plâtre et la résine, ces modèles fabriqués très rapidement et à usage unique recherchaient avant tout l'efficacité pédagogique ponctuelle par leur simplicité et leur aspect ludique.
En revoyant les maquettes d'animaux, d'insectes, de dents ou encore des différentes couches de la peau, on ne peut que faire un parallèle avec les écorchés du Dr. Auzoux, par leur volonté commune de présenter l'intérieur et les différentes couches d'un organisme vivant (cheval, homme, gorille), mais aussi celle d'en agrandir l'échelle pour mieux comprendre leur fonctionnement (œuf, escargot, oreille, œil).
Toutefois, l'écorché qui s'en approche le plus est l'œuf d'Epyornis. En effet, une émission entière a été consacrée aux œufs et reposait notamment sur une maquette agrandie d'œuf de poule « modulable ». Cependant, contrairement à l'œuf d'Auzoux, particulièrement ingénieux par ses quatre coupes évolutives de chaque côté du modèle, il s'agissait simplement d'ajouter des surfaces planes au-dessus de l'œuf pour montrer les différentes évolutions de son intérieur. Par souci d'économie de temps mais aussi d'efficacité pédagogique, ces maquettes qui s'inscrivaient dans un cycle de production d'un médium télévisuel étaient très simples, schématiques et donc bien moins réalistes que celles du Dr Auzoux, mais aussi plus ludiques, avec une esthétique douce et des bruitages amusants. De plus, elles nécessitaient l'intervention d'un narrateur ainsi que d'un assistant caché dont on voyait parfois la main.
Ainsi, même si les modèles didactiques de « « C'est pas sorcier » étaient fragiles, peu manipulables et dépendantes d'intervenants exterieurs, elles étaient le cœur didactique de l'émission, clé essentielle de son succès et de ses grandes qualités d'apprentissage par le visuel.