Je me suis intéressée aux écorchés d’Honoré Fragonard, ces corps disséqués et momifiés permettent de distinguer différents plans de coupe, une forme étrange de visualisation en trois dimensions.
Mon objectif a été d’observer et de tenter de comprendre par le dessin l’ensemble de ces structures, ces superpositions, ces articulations.
Je me suis concentrée sur une tête, séduite par l’imposant réseau de veines noires progressant sur tout son visage.
Tout d’abord, avec une approche au feutre, afin de simplement superposer les différents plans que je distinguais. Le processus de construction étant plus important que le résultat final sur le papier.
Je me sentais frustrée de ne pas pouvoir moduler le parcours des veines passant par dessus ou par dessous les autres. C’est pourquoi j’ai utilisé dans un deuxième temps des pastels afin de pouvoir mieux mélanger, étendre ou recouvrir certains éléments.

Lorsque nous avons rejoint le cours de dissection, ma première volonté fut de me rappeler de tout, de ne manquer aucun détail de ce moment particulier, de tout sauvegarder par le dessin. Intimidé, il m’était impossible de déployer tout mon matériel autour de moi.
Avec simplement deux feutres, je me suis empressée d’annoter ce qu’il y avait en face de moi : l’attitude des élèves, la manière dont les cadavres étaient présentés, tous les outils utilisés… que je comprenne ce dont il s’agissait ou non.