Pour la Specola, au XVIIIe siècle à Florence, les modèles anatomiques en cire sont fabriqués dans les ateliers du musée d’histoire naturelle par des artistes anatomistes comme Felice Fontana et Clemente Susini.

Ces différents modèles mettent en scène et en volume le savoir documenté dans les ouvrages anatomiques contemporains qui présentent les plus récentes découvertes par l’image et le texte.

Dans un premier temps, un prosecteur est requis afin de réaliser des dissections sur cadavre. Pour ces préparations, les corps sont positionnés de façon similaire aux illustrations dont elles s’inspirent. Afin de s’assurer de l’exactitude des observations, et pour pallier la dégradation rapide des cadavres, de nombreux corps sont utilisés comme références durant la réalisation de chaque pièce, jusqu’à une centaine par modèle. Ainsi, au cours de ce long processus d’élaboration, il arrive souvent que de nouvelles découvertes soient faites.

Pour réaliser un modèle en cire, la première étape consiste en la prise d’empreinte des organes à représenter directement sur le cadavre disséqué. Lorsque ce n’est pas possible, suivant la nature de l’organe et en particulier lorsque le modèle en cire n’est pas à l’échelle un, le sculpteur doit en fabriquer une réplique dans de l’argile, de la cire brute ou de la craie.

Le mouleur noue une corde à mi hauteur autour de l’objet puis il le recouvre entièrement de plâtre. Alors que le plâtre est encore frais, la corde est ôtée, ce qui permet de dissocier plus aisément les deux moitiés du moule. Une fois le plâtre séché, le moule est vidé de son contenu et nettoyé.

Pour réaliser le modèle final, la cire blanche de Smyrne, la cire chinoise ou la cire vénitienne sont couramment utilisées. Celle-ci est préalablement fondue, lentement au bain-marie, de sorte qu’elle ne se décolore pas. On ajoute de la térébenthine et des résines pour modifier ses propriétés, pour plus d’élasticité par exemple. Des pigments de couleur peuvent également être ajoutés.

Avant de couler la cire à l’intérieur du moule, ce dernier est humidifié avec de l’eau tiède et frotté avec du savon doux afin que la pièce puisse être démoulée plus facilement. Lorsque cette pièce n’est pas teintée dans la masse, c’est l’intérieur du moule même qui est peint au préalable, couche après couche. Cette mise en couleur apparaîtra à la surface du tirage final.

Les moulages en cire sont creux, remplis de chiffons, de copeaux de bois ou de chanvre, et parfois armés de structures métalliques. Les bords de la coulée sont chauffés, puis les deux moitiés du moulage sont assemblées et fusionnées. Après le démoulage, le joint est maquillé avec de la cire chaude.

Les différents organes composant le modèle anatomique sont ensuite assemblés pour réaliser la composition souhaitée. Les vaisseaux sanguins et les nerfs sont figurés par des fils de coton trempés dans de la cire. Ils peuvent également être peints sur la surface du modèle comme d’autres détails. Pour la chevelure des modèles, ce sont de véritables cheveux humains qui sont implantés un à un sur le cuir chevelu en cire.

Le modèle finalisé est recouvert d’un vernis à base de térébenthine qui le protège de la poussière et lui confère une brillance proche de l’apparence des tissus et des chairs d’un cadavre fraîchement disséqué.

Le modèle est enfin déposé sur un tissu de soie et exposé dans une élégante vitrine en bois. Chaque modèle est accompagné de deux feuillets : l’un où figure un dessin comprenant de nombreux appels et un autre avec les légendes. Ces deux feuillets sont conservés dans un petit tiroir à la base de la vitrine.

Après de nombreux mois de travail impliquant la contribution et la collaboration d’anatomistes et d’artisans, le modèle est présenté aux visiteurs florentins de la Specola. Étudiants en médecine, intellectuels et esthètes, amateurs et simples curieux, tous se pressent et s’émerveillent de découvrir l’anatomie humaine ainsi révélée.